Le deuxième magasin Cyclable a ouvert au cœur du centre de Marseille mi-octobre. Nous revenons aujourd’hui sur cette deuxième implantation avec Romain, qui s’est investi depuis le début de l’aventure Cyclable à Marseille. Il nous propose ainsi un tour d’horizon des problématiques de la ville, de l’orientation des magasins et des perspectives à venir.
Marseille et le vélo, une problématique spécifique en France
Le premier magasin, situé à deux pas du Vélodrome, boulevard Rabatau, avait vu le jour en octobre 2013.
Historiquement, le projet de développer un magasin dans le Sud-Est était plutôt réfléchi sur Aix-en-Provence. Mais après une première phase d’étude, le fort potentiel de Marseille s’est imposé, qui a guidé le choix de la première implantation.
Marseille est une ville totalement atypique en France dans sa façon d’aborder les déplacements urbains et c’était un beau défi de s’y implanter !
Rappelons-nous qu’en 2013, la FUB avait décerné le fameux Clou rouillé (la récompense de la ville là moins cyclable de France) à Marseille. A ce jour, il y a une centaine de kilomètres de piste cyclable à Marseille contre 1500 km à Lyon, alors même que Marseille est la deuxième ville de France.
La géographie de Marseille est aussi toute particulière : c’est une ville véritablement coupée en deux avec le vieux port et un axe Nord/Sud.
Avec un peu de recul, on se rend compte que le magasin Cyclable Vélodrome rayonne sur le Sud de la ville et même extra-muros sur Toulon, Cassis, La Ciotat.
Après deux années d’existence, et la montée en puissance de l’activité, il semblait indispensable de déployer un deuxième magasin, complémentaire du premier. L’emplacement rue de Rome correspond à une réflexion stratégique afin de se rapprocher du Vieux-Port et ainsi de toucher une clientèle de proximité.
Deux magasins de vélos, deux positionnement gamme :
L’ouverture du deuxième magasin permet aussi de proposer des orientations différentes selon les espaces. En effet, sur un seul lieu, la surface ne permet pas d’exploiter de façon exhaustive l’offre Cyclable. Avec deux espaces, il est possible d’affiner le choix des gammes et de proposer une vision plus complète sur chaque segment (vélo électrique, vélo urbain, vélo de voyage, cargobike).
Cyclable Vélodrome : un magasin dédié au trekking haut de gamme
- Vélo trekking : sur le Prado, le magasin s’attache à développer le vélo de voyage haut de gamme. Ce magasin sera le lieu de toutes les rencontres pour les voyageurs. L’atelier accueille d’ailleurs tous les montages à la carte, notamment autour des kits cadre Genesis, afin d’obtenir des vélos complètement personnalisés.
- Vélo électrique : la place des VAE reste constante dans ce magasin, avec les plus grandes marques dans le domaine : Moustache, Kalkhoff, Peugeot et sur des pratiques aussi différentes que le vélo de ville électrique, le vélo pliant électrique ou le VTTAE.

Cyclable Préfecture : le magasin des vélos utilitaires
Rue de Rome, le magasin Cyclable a comme volonté de pouvoir proposer des produits plus utilitaires, plus design.
- Vélo électrique : le 1er vélo vendu donne le ton, c’est un vélo électrique Peugeot C03 ! L’usage du vélo électrique dans une ville au relief prononcé comme Marseille, s’impose. Essayer un VAE… c’est souvent l’adopter !
- Vélo utilitaire : qu’il soit fait pour le déplacement de la famille ou pour réaliser son activité professionnelle, le développement du vélo utilitaire n’est plus à démontrer ! Le magasin propose donc les marques Yuba et Douze. Ces vélos s’adaptent parfaitement aux contraintes de la ville : ils complètent parfaitement l’offre de biporteurs traditionnels puisqu’on peut les charger autant mais qu’ils sont moins lourds et plus manoeuvrables, notamment pour se faufiler dans la circulation et pour les garer.
- Vélos de ville : le magasin va développer une offre résolument urbaine, avec des vélos esthétiques du type vélos hollandais (notamment Gazelle) et vélos de niche de type Shopper (avec la marque Electra).
- Vélos gravel : une mise en avant des vélos gravel permettront aux vélotafeurs du quotidien de trouver leur monture.

Deux équipes et une même pédagogie pour convertir au vélo :
Comme le vélo n’est pas très développé dans la ville, les équipes doivent faire preuve d’une profonde écoute et d’une grande pédagogie. Elles ont été choisies pour leur compétences, leur professionnalisme et leur envie de partager leur passion du vélo. Chacun roule à vélo au quotidien et son expérience individuelle permet de convertir des automobilistes ou des utilisateurs de transport en commun à l’usage du vélo.
Tous les freins à l’usage du vélo évoqués par les clients (la pénibilité, la météo, la sécurité, le vol, le relief, etc…) sont souvent passés en revue. Notre expérience personnelle est notre meilleur argument !
D’ailleurs, la météo à Marseille se prête à l’usage du vélo ; en comparant les graphiques des précipitations annuelles dans plusieurs villes de France, on voit que la cité phocéenne est très bien dotée. Il pleut à Marseille en moyenne une soixantaine de jours par an (contre près de 200 jours par an dans certains coins de Bretagne). Pour se mettre au vélo, il n’y a qu’un pas !
Dans les deux magasins, Romain souligne que son objectif est « de proposer une qualité Premium tant au niveau des vélos et accessoires proposés que dans les services à disposition des clients ».

Quelles sont les perspectives de développement du vélo à Marseille ?
Le potentiel est très important à Marseille ; plusieurs pistes de développement se dégagent à court et moyen terme :
- La subvention à l’achat vélo électrique :
Cette aide, qui a déjà été mise en place en 2015, est prête à voir le jour pour 2017 avec un éventuel élargissement aux villes de Martigues, la Ciotat et Cassis. Cette enveloppe devrait être débloquée en fin d’année et permettra aux habitants de la région d’obtenir une aide à l’achat maximum d’un montant de 400 euros et qui permettra de développer naturellement les ventes de VAE.
- La tenue de l’événement Marseille, capitale du sport 2017 :
Cet événement, en préparation actuellement, a pour objet de mettre en lumière le sport comme outil de développement, de cohésion sociale, et de développement économique.
A cette occasion, la ville va développer la Via Massilia Sports, un véritable « périphérique des sports » qui va s’étendre sur 30 kilomètres, dans l’ensemble du territoire de la ville et qui permettra de relier les équipements sportifs entre eux et de les rejoindre à pied, à vélo ou en rollers. La première portion de 15 km devrait être réalisée fin 2017.
- Le développement des aménagements cyclables sur 5 ans :
En février 2016, le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône annonçait le déblocage d’une enveloppe investissement de 40 millions d’euros pour développer les pistes cyclables et arriver en 2021 à 500 km de piste.
- Construire une réflexion autour du développement des modes doux :
Enfin, l’une des compétences de la métropole, est l’ « aménagement de l’espace métropolitain ». Contrairement aux autres métropoles françaises, comme Lyon, le développement de modes doux n’est pas cité sur le site dédié.
Au vu des compétences développées par les autres métropoles en France (comme à Lyon ou à Paris), qui s’ouvrent largement aux modes doux, on imagine que la ville de Marseille se laissera gagner par la volonté de travailler au développement durable, non comme une contrainte subie mais par une démarche pro-active permettant d’améliorer la vie des Marseillais et d’enrichir la ville.